relic uncovered w/alarik

Ven 2 Juin - 19:18

relic uncovered.
― Midnight Syndicate ;
@Alarik Vestergaard heart3

tw: aucun pour l'instant.

Ils viennent d’arriver dans les forêts aux aspects hostiles de Lake Phelps. Véhicule arrêté en lisière de bois, Alarik et Erik ouvrent la marche.

Bâton enveloppé sous ses doigts, moutard frappe les branches pour leur façonner un passage.

Son regard en biais projeté en tapinois sur son protecteur, le gosse semble s'enquérir de son approbation. A quelques pas derrière les marcheurs, mater étudie en sourdine le manège du mouflet.

Chaque fois qu’Al pose un oeil sur lui, y’a dans son maintien comme une pointe renouvelée d’assurance. Le regard fuyant, jamais maintenu trop longtemps sur l'égide des Strom, son comportement devenait de plus en plus curieux. Du point de vue de Rika, Erik s’était graduellement attaché à lui ; son stade de timidité petit à petit transfiguré en recherche d’attention curieuse. (Au point d’avoir déclaré être heureux de savoir qu’Alarik serait présent pour les accompagner dans cette virée).

Réjouissance gravée sur ses lippes, constat fait de cette adorable tournure, mater se hâte de les rejoindre. Ses doigts embués agrippés dans ceux d’Erik, elle s’incline : « Est-ce que tu les vois… les ondes qui se reflètent sur les arbres ? » Reflet des orbes sur la sylve ne laisse plus de doute ; marcheurs sont sur le seuil du loch. Lumière du jour sur prémices de déclin, enveloppe le décor d’une aura irréelle. Erik capte le regard de sa mère, patiente son accord. « Si tu restes loin du bord, tu peux y aller. » Derniers mots enfouis sous son euphorie, Erik en partance pour une nouvelle intrigue fascinante.

Même si l’accord est donné, l’inquiétude demeure toujours.
Pour elle qui le laisse si peu respirer après les tumultes,
les nuisances. Gosse en emprise sous ses ailes lumineuses, privé d'une mère sans nuage.

Désormais seule avec Alarik, Erik toujours à porté de son regard guetteur, elle propose de l’eau, gourde tendue, sans ralentir la marche. « Je traverse rarement les eaux des Outer Banks… je suppose que tu sais pourquoi maintenant. » Rire en percé sur ses lèvres rosées, l’auto-dérision donnée sur son pernicieux mal de mer, chaque traversée habituellement évitée pour rejoindre l’autre côté du littoral. Native de l’île mais désespérante en mer. Si son attache pour Kildare n’était pas si grande, peut-être aurait-elle choisi un décor égal à celui-là, dans le nœud d’une forêt, foyer encerclé de sapins extraordinaires. « tu avais, en tout cas, l’air d'être plus à ton aise que moi sur le bateau. »

La gourde de retour sur son sac à dos, elle jette, comme son gosse avant elle, un regard furtif sur lui, errant. « J’espère que je n’ai pas trop forcé les choses. T’inviter à nous accompagner, tu avais peut-être envie d'autre chose... » qu'on te laisse respirer.

L'oeil projeté vers Erik fixé devant les flots silencieux, la figure est tendue, confuse.

Ven 2 Juin - 21:10

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― Midnight Syndicate ;
@Rika Strom heart3

tw: guerre, sang, violence (souvenirs seulement)

Fusil au poing, les cris entièrement avalés par les cratères explosant les racines des arbres, géants centenaires éclipsés en quelques minutes, quelques secondes par des démons de métal et de poudre. Géants millénaires, à fouler le globe depuis la nuit des temps, terrassés par l’homme, l’homme et ses inventions, pourries jusqu’à la moelle, l’homme et son amour, son obsession pour la guerre. Le bruit de la guerre. Tout ce qu’il connaissait. Tout. Partout autour de lui, la mort. Sous toutes ses formes les plus atroces. Les corps de ses coéquipiers trempant de leur sang les racines anéanties des arbres. Plus rien. Plus rien que la mort. Plus rien que la mort avalant tout. Le bruit du vent, la beauté de la forêt, tout. Même le bruit de ses balles qui s’épuisaient dans son fusil tellement vite que sa main s’écorchait sans cesse à le recharger. Les larmes de son visage se chargeaient de poussière et tombaient, grisâtre ou rouges carmin à l’endroit où il se trouvait, avec une seconde de retard, avant qu’il ne plonge dans un buisson pour se protéger. Le fracas monstrueux de la terre se soulevant, le bruit sourd des craquèlements d’un tronc dont il n’aurait pas pu faire le tour avec ses deux bras qui explosait près de lui, le froissements sonores des feuilles entre elles, le cri de détresse de la nature elle-même alors que la mort sévissait sur son terrain.
Seuls ses yeux pleuraient. Chargés de poussière et d’images ineffaçables, inarrêtables, les images et leurs horreurs s’encraient dans sa tête et sur sa rétine avec autant de violence que si elles étaient sorties de son propre fusil. Seuls ses yeux pleuraient, le reste de son visage avait été couvert par une cagoule noire. Tout pour le déshumaniser, méthode pour rejeter la culpabilité d’un crime, du plus atroce des crimes. Tout ça pour des bureaucrates à l’abri qui commandaient ses frappes et qui barraient, les uns après les autres, les noms de ceux qui ne reviendraient pas à l’appel. Il fallait faire vite, transmettre de nouveaux appels à candidature, la guerre n’attendait pas. La mort non plus.
Un clignement d’yeux.

Le calme.

Le silence.

Rien que le bruit de ses pas, rien qu’un champ de bataille désolé. Rien que quelques formes qui autrefois avaient été humanoïdes et que la guerre s’était chargée de déshumaniser, quelques formes qui autrefois avaient eu des noms, des histoires, des joies et des peines, qui n’étaient plus rien. Rien d’autre que des statistiques, des dates sur des tombes.
Rien que le bruit de ses pas, ses semelles militaires qui faisaient craquer les aiguilles des pins et les écorces arrachées, rien que les formes qu’il n’arrivait même pas à discerner. Rien que sa solitude, rien que sa propre forme à lui qu’il ne reconnaissait plus. Rien que le bruit de sa respiration lourde sous le tissu épais du masque, rien que les cliquetis presque trop discrets de son arme qu’il portait à bout de bras, ballants, frottant contre sa ceinture, épuisé.
Un revers de la main sur ses yeux fatigués, tout avait disparu. Tout. Sauf la forêt.
Un sourire vers Erik qui avait réapparu lui aussi et qui semblait à des lieues de ce qui se passait dans sa tête bien qu’Alarik souhaitât qu’il s’en trouve encore plus loin. Le plus loin possible.

Posant sur l’enfant un regard protecteur doublé d’un léger sourire, il hocha lentement la tête, l’encourageant à continuer. « Comment je vais faire pour avancer sans toi moi ? » Avait-il même dit au début de la randonnée.
Puis, lorsqu’il fut éloigné, à se dépêcher pour admirer les rives du lac et leurs reflets, il se laissa rattraper par Rika, lui offrant à son tour, un sourire étrangement similaire

« J’ai l’habitude des mers agitées. »

Plus rien d’autre que le silence, imagination qui devait courir, sauvage, à imaginer dans quels contextes il aurait pu avoir à naviguer. Alarik ne le savait que trop bien, le corps entier trempé, frigorifié, la poigne si fortement serrées au cordage d’un vulgaire rafiot ou d’un simple zodiaque que ses jointures avaient menacé de péter de nombreuses fois, assis entouré d’hommes qu’il ne connaissait pas ou très peu, nouvelles recrues, chair fraiche prête à débarquer, prête à crever.

« Rika, » qu’il souffla d’abord, chassant l’air devant lui comme s’il avait été infesté d’insectes, « Je sais refuser les choses que je n’ai pas envie de faire. » Il posa une main sur son épaule, son pouce caressant la peau au-dessus de sa clavicule, par-dessus ses vêtements, « j’avais besoin de ça. »

Ven 2 Juin - 23:32

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― Midnight Syndicate ;
@Alarik Vestergaard heart3

tw: aucun pour l'instant.

Il plairait à mes parents...

Pouce posé sur la courbure de sa clavicule, la figure s’étire et laisse, l’éclair d’un moment, un doux rayonnement s’éclipser. Alarik est homme honnête, franc, sans arrière-pensée. Aussi droit et vrai que les Strom. Elle devait donc le croire sur parole, s’apaiser, profiter de la quiétude du moment.

Pommettes abreuvées d’un rose fade, ils reprirent la marche, enveloppés par la brise du vent. Approchant du lac, ses doigts s’accrochèrent nouvellement à Erik qui tentait d'admirer des fleurs calfeutrées sous des ronces.

Il s’agissait de trouver un endroit suffisamment ouvert pour camper ; de quoi leur offrir une vue suffisante pour admirer le lac et le coucher de soleil. Après quelques minutes de progression, un éden idéal émergea derrière les rameaux. Ground légèrement surélevé, le lac accessible par un chemin de terre naturel en contrebas, elle désigna Erik pour collecter quelques pierres pour le feu de camp. Trop pressé, trop content de porter appui au campement, le petit gars détala bienheureux vers le bas. « Erik ! Quelques pierres et tu remontes ! Pas question de mettre un pied dans l’eau, c’est compris ? » Sa douce voix réjouie ricochant sur les pierres, elle ajouta, tournée vers Alarik, ton doucereux : « J’ai de la chance qu’il tienne l’eau en horreur… ça m’étonnerait qu’il s’en approche. Pourtant, je ne m'arrête jamais de m'inquiéter pour lui… est-ce que tous les parents sont comme ça ? ».

La question était rhétorique, pourtant, elle s’était glissée naturellement dans la conversation. Comme-si Alarik pouvait y répondre ; comme-si elle souhaitait entendre son opinion. Pendant que ses doigts s’affairaient à monter la tente avec l’appui de son protecteur, Rika demeurait silencieuse, perdue dans des songes singuliers.

Alarik avait-il déjà songé à avoir des enfants ? Ou peut-être en avait-il ? Il semblait recevoir si peu de visites (solitaire, confronté à la tranquillité). Toutes les familles n’étaient pas comme les Strom. Peut-être ses relations avec sa famille étaient-elles compliquées. Et peut-être était-ce là, la raison, de sa retraite à Kildare.

Elle n’avait qu’un vague souvenir de leurs premières palabres. De leurs échanges simples, spontanés, de voisins qui apprennent à se connaître sur le palier sans dépasser les limites des familiarités. Les barrières sur son monde n’existaient plus du côté des Strom. Alarik savait presque tout ce qu’il y a à savoir de Rika ou d’Erik. Mais que savait-elle de lui ? Compatissant, protecteur, doux et placide à la fois, elle n’avait que des adjectifs pour le consacrer. Peut-être pouvait-elle, au moins, se permettre une question ordinaire après ces dernières semaines à se cotoyer : « quand je te regarde t’occuper d’Erik, je ne peux pas m’empêcher de me demander… est-ce que tu as des enfants ? Tu n’es pas obligé de me répondre… c’est juste que, si Erik avait un p… » père, j'aurais aimé que ce soit quelqu'un comme toi. Bredouillement, la tête petit à petit noyée dans un branle-bas, elle ajoute, confuse : « laisse, je divague. Ce que je voulais dire… c’est que tu ferais un bon père, c’est tout. ».

( En bas Erik cherchait des pierres sur une plage de fortune,
corps courbé sur un sable humecté.
L'innocence multipliée, majestueuse. )

Sam 3 Juin - 0:18

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@Rika Strom heart3

tw: guerre, sang, violence (souvenirs seulement) cicatrices

La famille Vestergaard n’avait pas réellement était dysfonctionnelle. Tout simplement parce qu’elle n’avait jamais réellement fonctionné. Parce qu’elle n’avait jamais réellement existé. Alarik n’avait pas la moindre idée de ce que ça faisait. Des parents qui s’aimaient, qui s’occupaient de lui, des enfants, famille à lui tout seul, il avait toujours été seul d’aussi loin qu’il pouvait se souvenir. Même à l’armée, le cadre n’était pas réellement fait pour favoriser la cohésion, au contraire.
« Je… » Un silence. Un long silence perturbé seulement par le doux bruit d’un vent crépusculaire et un raclement de gorge du danois.

Il avait toujours été là pour Rika. Pas par obligation ou encore moins par pitié mais plutôt que cette évidence c’était inscrit avec tellement de force à même son cerveau, jusque dans son code génétique, qu’il ne s’était jamais vraiment posé la question. Il était là pour elle. Parce qu’il devait être là pour elle. Parce qu’il voulait être là pour elle.
Mais s’était-il dévoilé ? Savait-elle quelque chose de lui ? De son passé, de ce qu’il avait dû faire, de ce qu’il avait été prêt à faire ? A endurer ? Non. Elle ne savait rien. Pas même son passé à l’armée. Mais pourtant, si l’hésitation était réelle, il ne ressentit aucune gêne à s’imaginer lui raconter ne serait-ce qu’une bribe de sa vie d’avant

« Je ne te serai d’aucune aide là-dessus, ou du moins pas en me basant sur mon expérience personnelle, je n’ai jamais vraiment connu mes parents, ils étaient militaires tous les deux et très souvent déployés. Ils sont morts quand j’étais très jeune. »

Presque aucune émotion dans la voix, sans tristesse, sans trémolos, sans rien d’autre que son calme habituel, comme s’il énumérait une simple liste de courses.
Et puis, comme à son habitude, portant son attention sur le petit en contrebas, il déclara, sans le lâcher des yeux

« Tu sais… Je n’ai pas d’enfants, je n’ai jamais eu personne d’autre que moi-même, mais si je dois reconnaître quelque chose, c’est qu’il n’a pas besoin d’un père. Il a besoin de toi Rika. Vous faites une très bonne équipe. »

Equipe qui n’avait pas besoin de quelqu’un d’autre pour fonctionner. Eux deux contre le reste du monde. Eux deux contre vents et marées. Eux deux contre les orages tonitruants, les géants des traumatismes, contre les cauchemars immenses, eux deux contre les peurs réelles, celles qui ne se cachaient pas sous le lit ou dans le placard, celles qui les attendaient sur le pas de leur porte, celles qui existaient.

« Tu es trop dure avec toi-même Rika. Regarde-le, c’est un garçon super… »

A vrai dire, peut-être que la raison pour laquelle Erik semblait si à l’aise en présence d’Alarik se trouvait dans leur similarité. Peut-être qu’au fond, ils étaient exactement les mêmes à quelques générations d’écart. Peut-être qu’Alarik agissait simplement en miroir ? Un homme brisé qui s’ouvrait lentement au monde ?

Se levant du rocher sur lequel il avait décidé de s’asseoir et descendant le long du sentier de terre battue pour rejoindre les berges du lac, se postant juste à côté d’Erik, les légères vaguelettes venant lécher la semelle de ses chaussures, le regard perdu dans un horizon qu’il ne voyait même plus, les pupilles trop relaxées

« J’ai toujours adoré l’eau… » Qu’il avoua à mi-voix au gamin avant de pencher la tête vers lui, désignant l’objet de toutes les curiosités du menton

« Si je me baigne et que je te promets de pas te lâcher, tu viens avec moi ? »

A vrai dire, il n’attendit même pas la réponse. Erik avait besoin de repère. Qu’on lui montre que tout était possible. Qu’il n’avait rien à craindre. Otant ses chaussures d’une pression de la pointe de son pied sur l’arrière de ses dernières, puis ses chaussettes, il avança dans le lac, ne prenant même pas la peine d’ôter son pantalon, se foutant bien de le mouiller (sans doute qu’il avait vécu de bien pire situations). Par contre, au fur et à mesure qu’il avançait dans l’eau fraiche, ses doigts pincèrent le côté de son t-shirt pour le retirer et se retourner, le jetant sur la berge avant d’en être trop loin.

Mais Alarik n’était pas infaillible. Si Rika semblait le voir comme ce roc sur lequel elle pouvait se reposer et si lui aimait à croire qu’elle n’avait pas tort, qu’il serait là pour elle dans toutes les situations, un cruel manque d’attention aux détails allait sans doute lui prouver le contraire. Etrangement, ce ne fut pas son passé qui décida de le rattraper, l’attendant au détour d’une ruelle sombre, un nouveau contrat, une vengeance, des comptes à régler, une dette… Etrangement, ce fut Alarik lui-même qui décida, sans réellement réfléchir aux conséquences tant le cadre était propice au repos et à sa propre vulnérabilité, de leur jeter au visage, cruellement. Trop cruellement. Trop pour eux. Eux qui n’avaient strictement rien demandé, lui qui devait faire face à cette vision d’horreur tous les jours.
Car le torse qui se dévoila devant eux (et surtout devant Erik) quand le coton mou du t-shirt tomba sans bruit sur l’herbe ne fut pas celui d’un homme de son âge ayant vécu la vie classique d’un homme de son âge. Ni même d’ailleurs celui d’un mannequin. Si sa musculature encore sèche aurait pu rendre son corps plaisant à regarder, le tableau était gâché. Complètement détruit. Comme si l’on avait attaqué la toile même à coups de couteau.

Cicatrices atroces, comme des éclairs qui parcouraient sa peau, grêlée par endroit où il n’était pas réellement difficile de deviner que les intempéries qui avait ravagé sa peau avaient eu une crosse, une gâchette, un chargeur. Dents de métal qui avaient lacéré sa peau, couteau, revolver, anciens hématomes qui n’avaient jamais réellement eu le luxe de correctement cicatrisé, Alarik n’avait pas fait la guerre, Alarik avait été un véritable champ de bataille vivant (miraculeusement). Mais ce qui l’inquiéta par-dessus tout, fut sans doute la réaction d’Erik. Le danois avait baissé sa garde et il dû réunir toutes ses forces pour le cacher. Car à l’observer, à observer ce tableau déchiré, œuvre d’une artiste qui avait abimé des millions d’autres soldats à travers le monde, le petit pouvait avec une facilité déconcertante retrouver toutes les cicatrices qui avaient fait un jour l’objet d’une histoire. Coups de couteau particulièrement violent, forme de croix, comme pour le marquer au fer rouge qui était devenu la marque de la prophétie dans un conte « inventé », deux marques de coups de fusils à bout portant au niveau de son épaule, dangereusement rapproché de la veine de son bras, chair que l’on devinait violemment arrachée, transformées en mécanique à accrocher une armure dans un autre. Si celles sur ses bras avaient pu facilement être maquillées en simples accidents de bricolage ou d’erreurs de jeunesse, le tableau devenait sombre. Beaucoup trop sombre pour que la coupable ne soit que l’innocence d’une jeunesse trop vite consumée. La jeunesse n’avait pas été consumée. Elle avait été carbonisée. Et le tableau avec.

Sam 3 Juin - 14:00

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@Alarik Vestergaard heart3

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(Erik)

« Si je me baigne et que je te promets de pas te lâcher, tu viens avec moi ? » Son initiation à la nage sur les plages de Boneyard était un fiasco. Mais de l’eau, Erik n’avait pas horreur : les vagues, puissantes, robustes, constituaient à elles seules sa frousse d’être mangé par les flots. Rarement exilé de Kildare, maman défaillante en mer, petit-homme découvrait pour la première fois la sérénité d’un lac figé.

Timide, trouillard mais pas moins désireux de le rejoindre, ses pupilles partagées entre la trouille et la curiosité, il restait figé. Figé mais attentif à l’ascension du géant d’acier.

Petons dans le sable, ses baskets retirées, son regard n’en finissait plus de l’examiner. Dans l’attente d’un mot, d’un accord pour entrer dans l’eau. Dans l’espérance qu’Alarik remplisse sa promesse de ne pas le lâcher. Courageux, plein d’hardiesse, ses ambitions se pétrifièrent toutefois subitement ; oeil gelé sur sa chair.

Et puis… sans s’en rendre compte,
son corps entrait lui-même dans l’eau,
attiré par les mystères de ce buste biscornu.

En approche d’Alarik, ses doigts glissent presque instantanément sur les mains du géant pour le forcer à fléchir ; à tomber sur les genoux, face à lui.

Corps en lambeau, les yeux du gamin arpentent les détours, les empreintes des débris, éclats immortels. « Est-ce que ça fait mal ? » Trop jeune pour cerner les stigmates, ses sinuosités l’enveloppent de questions : pourquoi n'est-il pas fait du même cuir que moi ? Des grands bonhommes de sa carrure, Erik en a croisé quelques-uns sur les plages, corps en grillade sous l’astre brûlant. Aucun ne portait, toutefois, les mêmes marques poreuses.

« Alarik… »

Le bougre était-il un simple être humain ? Gaillard aimant les fleurs, la cuisine, le bon vin.

Il devait y avoir autre chose. Ses histoires, les dragons, la percée d’une épée dans l’écaille… et si : « T’es un chevalier… pas vrai ? Venu pour nous sauver ? »

Tout devenait clair.

Maman soucieuse, prise au piège dans la maison, son regard toujours tourné vers la fenêtre. Son attitude, inhabituelle avec les gens dehors, les oscillations sur ses mains pour le faire sortir rapidement de l'habitacle. Pour fuir une ombre, un homme, aux cheveux dorés comme les siens. Tout ça était rentré dans l’ordre après l’apparition d’Alarik. De Qui leur champion les avaient protégés, Erik n’avait pas la maturité pour le lui demander.

Léger mouvement de repli, petits pas timides. Billes égarées profilées vers le haut, là ou maman les surplombent ; comme un phare élevé sur des rochers corrodés par vents et marées. Pour chercher son approbation, un ok, hochement de tête pour jouer dans l’eau. Rien de plus, rien de moins, avec leur champion, paladin au courage d’exception.

« Avec toi, j’ai plus peur de rien. »

(Rika)

Un garçon super.

Elle perçoit l’écho de sa voix ; Alarik à genoux, traces macabres de son existence démasquée sur son ombre souillée. L'œil scrute les gestes de son descendant sur son épaule, balade innocente de prunelles sur un corps nécrosé.

D’ici, elle voit tout. Perçoit les brisures, les lacérations sur son spectre décharné.
Mais ses pupilles demeurent statufiées sur Erik,
sur ses mots… « plus peur de rien. »

Perdue, comme lui, à espérer qu’il ne soit que le protagoniste d’un cosme fantaisiste ; à implorer qu’il soit chimère, créature de leur imaginaire, pour que ses marques au fer rouge, chair brûlée, indélébiles, n’existent que dans une réalité seconde.

Pour qu’il n’ait jamais eu à endurer les empreintes rougies, enchaîné à un devoir dirigé par des moins que rien, rôle de soldat qu’elle le suppose avoir endossé.

Je n’ai jamais eu personne d’autre que moi-même. De cette phrase naît, maintenant, sur le tard, la honte odieuse, préjudiciable. Celle d’avoir demandé, celle d’avoir souhaité percer un mystère, un seul (au moins), sans raisonner.

Il n’avait eu aucun mal à répondre, était même resté sommaire, concis, l’absence de ses parents militaires évoqués sans trace d’amertume. Pas plus troublé, pas perturbé plus que ça, Rika avait honte. Honte de ne pas avoir compris plus tôt, plus vite…. « J’avais besoin de ça… » sa retraite à Kildare, ses réserves, son calme, sa manière si douce de se détourner des traces de son passé.

Alarik cherchait la quiétude et la paix, au moins pendant les quelques années qui lui restaient. Des années déjà perdues, troquées au massacre pour le compte du père des armées.

Sa conscience enfin éveillée, elle n’allait plus demander.
Auto-promesse injectée de le préserver, de viser l’actuel au passé. Pour l’aider. Le laisser respirer, vivre, subsister. L’oreille toutefois prête, préparée à l’écouter, aujourd'hui, demain ou jamais si il en ressentait le besoin.

Sans se forcer, sans s’obliger.

Pressée, rutilante, elle était descendue sur les berges. Le bandeau dans ses cheveux maintenant fixé sur son poignet, elle courait déchaussée de ses baskets dans le lac, limpidité en éclat sur les lippes. Harmonieuse, réjouie, elle se jeta (captive de sa robe) dans les profondeurs glacées. Puis de retour à la surface, elle hurla, sans détresse (sans effroi ni angoisse),

« Vous venez ? » son rire, franc, réel, évident, appelant Alarik à lâcher prise sur toutes les croyances qu'il pouvait s'injecter dans son apparat décharné. Avec toi, j’ai plus peur de rien. Personne n’avait jamais eu peur de lui. Ni Erik, ni Rika.

Alors lâche prise, survivant.
Trouve ton équilibre.
Nage droit devant.

Sam 3 Juin - 20:14

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― Midnight Syndicate ;
@Rika Strom heart3

tw: guerre, sang, violence (souvenirs seulement) cicatrices

« Est-ce que ça fait mal ? »
Plus que tout ce qu’il avait pu connaître. C’était même d’ailleurs tout ce qu’il avait pu connaître. Etrange tableau où ses genoux baignés dans une eau tranquille mais où Erik frôlait ses cicatrices des yeux, ses mains dans les siennes.
Oui ça faisait mal. Plus que tout ce qu’il avait pu connaître. Etrange tableau où la personnification même d’une mort évitée des dizaines et des dizaines de fois observait l’enfant avec un sourire calme, comme apaisé. Presque trop silencieux là où sa peau hurlait des sons et des musiques que personne ne pouvait entendre… Pas même lui, les oreilles bourdonnant du fracas de la boucherie héroïque qu’avait été la guerre à chaque fois qu’il croisait son reflet dans le miroir.

La comparaison d’Erik le fit rire, certainement l’une des seules fois où il l’entendit rire. Un éclat de rire sifflé passé entre ses dents, secouant ses épaules
« Peut-être… » Puis, plus bas, comme sur le point de lui faire une confidence, « moi je pense que c’est toi le chevalier, regarde toi, tu as de l’eau jusqu’à la taille… »
Puis, solaire, la voix de Rika le ramena à la réalité, à leur week-end, à leurs moments à eux trois. Au fait qu’à les regarder, il n’aurait pas été compliqué de croire à une famille unie, jusqu’à ce qu’Alarik n’ôte sont haut, jusqu’à ce qu’on y rajoute toutes les horreurs qu’il avait vécu, jusqu’à ce que le Alarik qu’il avait été ne prenne le pas sur celui qu’il était aujourd’hui.

Rika se voyait propulsée au rang d’une femme de soldat, qui avait sans doute quitté son mari, jeune, plein d’ambitions, boosté à la testostérone, décidé à changer le monde, faire la différence en tirant aveuglement sur ceux qu’on lui ordonnait de tuer. Et puis, elle retrouvait un homme, traumatisé par les affres de la guerre, marqué au plus profond de son être par des horreurs qui n’avaient ni noms ni visage mais dont le souvenir seul suffisait à détruire une conscience jusqu’à la fin de ses jours. Alarik en était un bel exemple. Roc qu’il était devenu avec le temps, rocher solide prêt à tout pour les protéger, mais si on s’en rapprochait, on découvrait des cratères, des fissures, les marques du temps et de la grêle, du plus violent orage qu’il avait pu connaître.

Mais il n’y avait qu’eux. Les orages étaient loin. Tellement loin que c’était comme s’ils n’avaient jamais existé. Du moins, c’est ce que Rika sembla lui faire comprendre. Que la grêle sur son corps n’avait pas d’importance, ou plutôt qu’elle n’avait pas à en avoir s’il le décidait.

Merci. Merci. Merci. Merci. Regard qui lui hurla tout ce que sa bouche n’arrivait et n’arriverait jamais à prononcer. Merci. Merci. Merci. Regard tellement intense qu’il sembla lui-même perdre pied. Mais l’eau dans lequel il se sentit engloutir ne fut pas celle du lac mais bien l’eau calme et douce des iris de la jeune femme qu’il n’arriva que difficilement à quitter, les éclats de rire dans ses yeux hérissant sa peau de petits électrochocs.

Attention difficilement reportée sur Erik, restant face à lui, dos au large, il se releva pour le saisir sous les aisselles et le hisser dans ses bras, bras puissants qui tiendraient leur promesse jusqu’à son dernier souffle. Si je promets de ne pas te lâcher…
Et il avança lentement, s’enfonçant petit à petit jusqu’à ne plus avoir pied, ses jambes habituées à soutenir elles-mêmes et seules le poids de son corps depuis ses lointains entrainement de légionnaire. Et petit à petit, ses bras se délièrent et ses mains retrouvèrent celles d’Erik qu’il serra fort, pour le rassurer, pour lui prouver qu’il n’était pas prêt de l’abandonner

« Fais moi confiance d’accord ? Je te promets que je ne te lâcherai pas. »
Promesse répétée pour lui montrer qu’il n’avait aucune raison d’avoir peur, qu’il pouvait complètement se laisser aller, sans risque de couler, sans risque même qu’Alarik ne le lâche, sans risque de perdre le lien qu’ils avaient, la sécurité qui venait avec la poigne du danois
« Tu vois ? » Qu’il souffla, à mi-voix, « tu nages ! »

Dim 4 Juin - 1:30

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― Midnight Syndicate ;
@Alarik Vestergaard heart3

tw: guerre, sang, violence (souvenirs seulement) cicatrices, vocabulaire sanglant / cicatrices explicite, harcèlement.

Elle riait, mélopée doucereuse enrobant l’atmosphère. S’autorisant même à s’éloigner d’eux, ses bras basculant vers l’arrière, brasse sur le dos quelque peu désespérée ; robe trempée aimantée sur sa peau.

Erik se sentait en parfaite sécurité dans les bras d’Alarik. S’accrochait à ses doigts, son corps petit à petit relâché dans l’eau. En confiance, serein, il ne craignait plus l’eau, ((plus peur de rien)). Mais son regard divaguait parfois vers sa mère, par besoin d’elle, par besoin d’eux, pour profiter pleinement de cette journée.

Captant le regard du petit, elle renonça à son errance sur l’eau immobile. S’approcha, sémillante, près de ses deux compagnons ; une main d’Erik récupérée dans la sienne, son autre main d’enfant fixée dans celle d’Alarik. A eux trois, ils donnaient l’impression de former une famille. Liens forgés sur le pire.

Barbotant dans la félicité pendant de longues minutes, le soleil tombait à son rythme derrière la cime de la sylve. Le lac se voilant d’une atmosphère plus fade, plus fumeuse, il était déjà l’heure pour le trio de regagner les berges ; mains d'Erik toujours disposées dans celles de ses guides.

De retour au campement, flanqués de fringues trempées, elle poussa le mioche ruisselant à l’intérieur de la tente : foyer d’une nuit monté avec Alarik composé de deux chambres distinctes et d’un salon entre deux, le lieu était suffisamment haut pour permettre aux adultes de rester debout, sans se courber.

Le gamin tournoyait dans tous les sens, pressé de ressortir, d’en découdre avec de nouvelles aventures. Plus à l’aise qu’au début de la journée, il ne tenait plus en place. Chaussettes dans les baskets, chaudement habillé, il se propulsa en dehors de la tente, manquant de pousser Alarik qui attendait certainement son tour. Sur les talons d’Erik, elle déclara avec fermeté : « Pas trop loin ! » « Je vais chercher quelques brindilles pour préparer le feu ! Je reste par-là ! » Soupire agacé mais pas moins satisfait d’entendre l’écho de son enthousiasme, son regard croisa celui d’Alarik. « Excuse-moi, il était intenable… mais s’il te plaît, entre te changer. Je t’assure que ça ne me dérange pas. Il y a assez de place pour deux. » regard rassurant, approbateur, pour le désinhiber d’une possible retenue.

A l'intérieur, les corps se font dos.
Erik toujours à l'extérieur, toujours atteignable.

Habillée, débarrassée de rien, la fermeture éclair de sa robe refuse de descendre. Regardant derrière elle, tentative désespérée pour y voir plus clair, son regard s’interpose dans celui d’Alarik...

( Et soudain, sans annonce, sans amorce, des remous palpitants prennent d’assaut les dômes grenat de son coeur. )

Toujours décharné, sa carcasse graveleuse à sa portée, ses pieds nus le mènent vers lui. Contrôlée, si fuyante, facilement ennuyée de commettre des impairs, il n'y avait absolument rien d'ordinaire à ce qu'elle brise à ce point leur proximité (dans un lieu si fermé, obstrué).

« Est-ce que je peux... ? »

Il y avait,
dans son regard,
comme un profond désir d’apaiser les morsures sur sa chair.

Captive de son désir d’en survoler les rainures avec la pulpe de ses doigts ; pour s’en imprégner, pour les absorber ; Rika semblait aspirer à transmettre un message : Alarik ne devait avoir aucun doute, aucune peur, aucune crainte. Les Strom n’avaient jamais eu peur de lui. Leur gardien pouvait rester le même qu'aujourd'hui,
avec ou sans cicatrices.

Mais est-ce que le message était nécessaire ?
Est-ce que l'entreprise de Rika avait la moindre importance ?

Et si Alarik repoussait son geste...
Elle attendait son accord.
Pour capturer, sans effort,
les affres de son existence,
doigts suspendus sur les marques de sa déchéance.

Dim 4 Juin - 18:14

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tw: guerre, sang, violence (souvenirs seulement) cicatrices

« Est-ce que je peux ? »

Est-ce que je peux tout bouleverser Alarik ? Bouleverser son corps, son âme, son âme, le monde tout entier, sa vie entière, d’un regard. D’un regard d’une douceur douloureuse, d’un regard qu’il soutint avec grand peine, d’un regard qui le fit déglutir tant il était plus puissant que lui n’avait jamais été, même pendant ses années de légionnaire, même à donner la mort, aussi brulant que les mille soleils qui avaient carbonisé sa peau boueuse, et ses espoirs avec. Main plus délicate que ses rêves les plus fous, touché qui l’électrisa sur place, tellement qu’il ne trouva même pas la force de bouger, restant coi, sans rien faire, priant pour qu’elle ne trouve pas de raison de le haïr. Sans doute qu’elle ne le savait pas, sans doute qu’elle n’avait pas envie de savoir mais ses doigts frôlaient la mort en personne, celle qui avait été donnée, celle qui avait été transmise. Elle touchait l’objet fragile, comme une relique, le dernier vestige d’une époque atroce, comme si on pouvait lire dans les aspérités de sa peau toutes les atrocités qu’il avait vécu, évènements tellement violents qu’ils avaient débordé de ses yeux pour couler sur sa peau, pour le marquer, définitivement. A vie.

Est-ce que je peux tout bouleverser Alarik ? Ebranler ce roc qu’il se forçait à devenir, cette machine de guerre incapable de ressentir la moindre chose car, sur le champ de bataille, la simple émotion signait son arrêt de mort, car sur le champ de bataille, un simple regard de pitié aurait suffit à le condamner, s’effondrant comme une poupée de chiffon au milieu de ceux que leurs familles ne reverraient pas revenir, au milieu de ceux qui n’étaient devenus que des croix sur des tombes, que des statistiques dans les rapports militaires, rien plus que des ombres, que de la fumée, sans nom, sans visage. Sans doute qu’il avait été en vie parce qu’il avait vidé. Vidé de toute émotion, vidé de tout espoir, ses instincts au pouvoir d’une coquille vide, d’un automate, pilotable à distance, pilotable par des commandes simples, des noms de cibles, des ordres de missions, une bande de quelques détruits comme lui qui se laissaient faire, manipuler, qui savaient pertinemment que les chances qu’ils survivent la journée étaient minces. Alors, pour maximiser leurs chances, il fallait annihiler leurs émotions, bien avant la peur, bien avant l’amour, bien avant de penser à annihiler leurs ennemis, il fallait se délester du poids de la culpabilité, de celui de la réflexion.

Est-ce que je peux tout bouleverser Alarik ? Souffler sur cet automate comme un fétus de paille ? Souffler sur cette carapace indestructible, invincible, infaillible et fixer l’humain dessous ? Gratter la peinture décrépie, décrasser les affres de la guerre, trouver un homme en dessous, sous cette marée de sang, un corps, presque endormi, léthargique, des hurlements silencieux, étouffés sous des millions de linceuls, un battement de cœur au fond de l’océan, le frémissement délicat de la peau dans une tornade, détruire une montagne pour trouver les quelques milligrammes d’or planqués, quelque part. Détruire ce roc, tuer celui qu’on avait façonné pour lui, le tuer pour le retrouver. Le voir entrouvrir les lèvres, prendre sa première véritable inspiration, respirer pour la première fois, découvrir la personne sous le masque, sous le monstre.

Corps immobile, à la laisser faire sans réagir, sa main droite, chargée de tous les tremblements, chargée de toutes les émotions, de tout ce qu’il n’avait pas pu, pas eu le droit de ressentir toutes ses années, levée, légèrement, lentement, trop lentement, accepter le danger de prendre le temps, accepter le danger de dépasser les limites, de les ignorer. De lui aussi attaquer à la massue celui qu’il était devenu, de ne plus cacher cette vie derrière des sourires calmes, de ne plus accepter cette léthargie, d’avouer que malgré la douceur de ses airs, un monstre restait un monstre et que pour changer les choses, il fallait un électrochoc, recommencer l’histoire du début, reprendre de zéro. Faire table rase, se débarrasser de la poussière, de tout ce qui était superflu. Main droite levée, passée sur son épaule, d’abord miroir de la sienne avant qu’elle ne glisse sur sa nuque, à la lisière de ses cheveux, appréciant pour la première fois de ses digits ignorants, la douceur de ses mèches blondes puis le grain léger de sa peau, puis le fer froid et trempé de la fermeture éclair de sa robe. Main qui se saisit lentement de cette dernière pour la faire descendre. Lentement. Toujours lentement. Sans doute même trop. Trop pour que la brulure de la peau de son dos, les légères hauteurs de ses vertèbres contre celles de ses phalanges ne soit pas beaucoup trop douloureuse à force d’être agréable, addictive. Main qui abandonna glissière, laissant agoniser les pans de sa robe sur ses épaules, main qui resta là, en suspens, laissant la place au vent, à l’atmosphère de décider, sans rien toucher, peur de dénaturer l’œuvre, peur que d’une certaine manière, il n’ait pas été aussi imperméable qu’il l’aurait cru, que d’une certaine manière, en dessous de toutes ces couches, il y ait toujours un monstre.

Sam 10 Juin - 18:17

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@Alarik Vestergaard heart3

tw: guerre, sang, violence.

Son esprit forme des visions du pire ; images viciées, inexactes, empruntées aux ouvrages de culture. Chaque cicatrice contient les vestiges d’une entrée en transe ; son instinct de subsistance sans cesse éveillé (par nécessité).

La solitude, le cauchemar de l’éteinte, les traumas et les remords, chaque pulsation de ses doigts sur son derme injecte Rika d’une nouvelle prise de conscience. Bientôt prise au piège de la main indolente d’Alarik sur sa nuque, elle réalise une perte de contenance identique à la sienne.

De son geste apathique sur sa fermeture éclair, elle prend conscience des conséquences aveugles de ses propres digressions. Et de ses doigts toujours liés sur ses cicatrices, l’homme nécrosé par les affres de l’armée devient subitement l'énonciation d’un souhait :

le vœu brûlant, flambant d’absorber ses tourments.

Volonté brutale, inopinée, de se lier à son cœur noirci, maculé.

Et si ses mots ne sont pas capables de transmettre un message, peut-être ses lèvres le peuvent.

Alors soulevée par la vivacité d’une ardeur, l’étau entre eux se resserre.
Lippes rêvent de le cicatriser.
Espèrent transmettre le nouvel espoir de lier son âme à la sienne pour le ressusciter.

Prunelles captives dans les siennes, la bouche n’a qu’un seul pas à franchir.

Mais subitement tout s’arrête (les ondes chatoyantes, la discorde, l'intention rutilante), Erik en retour de son excursion, voix signalant sa présence ; en attente d’Alarik pour déchaîner le brasier du feu de camp.

Alors le corps fait volte-face. Entre dans sa chambre. Referme l’entrée derrière elle. S’habille, tremblante et désespérée ; pour la première fois confrontée à une convoitise sincère, exaltée.

Coeur éveillé, bousculé par des sentiments qu’elle n’avait pas vu venir, son corps suffoque. S’éveille pour la première fois depuis des années.... depuis l’amour vide de sens ; depuis les intentions toxiques, malsaines, souillées.

Dehors, elle retrouve Erik. Attrape doucement sa main dans la sienne pour l’accompagner vers les pierres. Le ciel ne laisse plus de doute sur l’horaire. L’heure est bientôt aux premières étoiles, aux premières apparitions lunaires.

La tête enfoncée dans ses cheveux, ses petites mains confrontées aux siennes, sa prise de conscience ne dort pas.

Et quand ses yeux récidivent, s’écrasent dans ceux d’Alarik,
le feu renaît derrière la fumée du campement.

Derrière les ombres qui s’infiltrent sous les sylves.
Dans les tréfonds de son cervelet.

J'ai un souhait...

Dim 11 Juin - 18:48

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@Rika Strom heart3

tw: guerre, sang, violence, torture (souvenirs seulement)

Nocturne déjà bien entamée. Rien que le bruissements des feuilles, rien que le craquements des branches, rien que les mouvements lents de l’eau contre les rochers, rien que l’éclat solide et clair des rochers trempés à la seule lumière de la nuit. Lune comme seule témoin de la scène d’une nuit calme, comme seule spectatrice d’un monde secret. Les yeux perdus dans le vide, les formes bougeant sous son regard comme des dizaines d’arabesques sombres. Plus rien n’avait de contour, la nature formait un tout et les quelques éléments venaient se révéler à ses yeux fixes à la faveur des éclats lunaires et de la faible lumière des braises presque éteintes du feu de camp.

La tente n’était plus qu’une forme sombre, immense, massive, qu’il avait quitté en plein milieu de la nuit. Impossible de dormir. Impossible même de fermer les yeux. Le noir de ses pupilles ne survivait pas longtemps. Dès qu’il s’autorisait à le retrouver, son image venait s’éclater à l’arrière de ses yeux avec plus de puissance et plus de violence qu’une gatling déchainée. Il la voyait, elle le regardait, elle lui souriait. Elle était là, contre lui, au secret d’une toile de tente trop fine et son corps tout entier, frissonnant, avait choisi de prendre la fuite, avec la Lune comme seule témoin plutôt que de devoir supporter l’insupportable douleur de l’illusion d’une fausse proximité.

Il avait patienté, tenté de tenir, de se concentrer sur autre chose, les yeux grands ouverts dans le noir, ses autres sens en alerte. Mais il sentait son odeur comme si elle était venue se presser contre lui, ses mains sentaient le grain de sa peau sous la pulpe de ses doigts comme s’ils pouvaient s’y balader et le goût âcre d’un manque avait trop de fois envahi sa bouche pour qu’il ne supporte cette torture. Longtemps on s’était demandé si le grand Alarik Vestergaard avait des limites, capturé, torturé pour des informations, des secrets, qui avait vécu l’horreur de tout ce que l’humain pouvait faire de pire. Pire que la guerre. Pire que la mort. Des inventions malsaines pensées spécifiquement pour tenter de s’approcher de la mort sans réellement l’atteindre, de pousser un corps dans ses retranchements pour que l’esprit craque avec, se délecter des bruits des os brisés, espérant que la psyché suive. Il n’avait jamais rien dit. Il avait mainte et mainte fois hurlé de douleur, vécu des choses atroces, innommables et parfois presque inimaginables tant elles avaient été abjectes jusque dans le concept même de leur invention. Il avait vécu les pires tortures inimaginables et n’avait jamais flanché. En un sens, se laisser aller à penser à Rika était pire. Pire que toutes les douleurs qu’il avait pu ressentir. Pire que toutes les fois où son derme avait été massacré, lacéré, déchiré. Réunies.

Pour la rejoindre, il aurait tout dit, tout avoué, dans l’espoir même vain de la voir, apprécier les contours de son visage, se noyer dans ses yeux, il aurait révélé tous ses secrets. Tous. Sans exception. Arme ultime qu’on aurait pu utiliser contre lui si seulement on avait su… Si seulement la Lune n’était pas seule témoin de sa retraite, ayant choisi un rocher pour s’y asseoir, à quelques mètres de la tente, à regarder des formes qui n’existaient pas, qu’il ne voyait même pas, à laisser tous les bruits de la forêt, de l’eau et du ciel se mélanger dans sa tête, ne formant qu’une délicieuse cacophonie nocturne faisant vibrer ses tympans.
Il entendait sa voix, encore, parfois même tellement réaliste qu’il avait l’impression qu’elle l’appelait depuis la tente. Chant de sirène auquel il aurait volontiers succombé. Il aurait plongé dans le lac, encore, y aurait sombré, et avec le sourire si elle l’y avait appelé. Nymphe gagnant peu à peu le contrôle de son cerveau, infiltrant pernicieusement le dédale de ses pensées, de toutes celles qu’il avait cadenassées, contrôlées, reléguées au second plan, pour ne pas se laisser distraire. Elle les avait toutes remplacées. Avec la facilité évidente de ses lèvres qui n’avaient jamais été aussi proches des siennes, avec l’appréhension d’une histoire terminée avant même d’avoir commencé, d’un livre qu’on aurait fermé avant d’arriver à la fin. Alarik n’avait pas le choix de se laisser aller à la désagréable impression que cette histoire là n’avait même pas pu commencer.

Son sac à côté de lui, sa main s’y aventurant à l’aveugle, ses doigts accrochèrent le verre frais d’une bouteille emplie aux deux tiers d’un liquide ambré, bouchon qui finit par sauter quand il la porta à ses lèvres pour en avaler deux gorgées. Calmer l’ardeur de ses pensées devenait peine perdue. Rika avait pris le contrôle. Tout ce qu’il pouvait faire était encore de laisser le coin aux vapeurs d’éthanol de les endormir, se laisser torturer, tenter de moins souffrir de sa paradoxale proximité, elle qui, d’un seul coup, semblait plus loin que jamais. Et particulièrement, trop loin.

Dim 2 Juil - 0:44

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@Alarik Vestergaard heart3

tw: tw ; sexualité, nudité sous hide.

La nuit transforme les songes en cauchemars. Métamorphose la clarté au profit d’un frimas glacial. La tête ne trouve pas le sommeil. Ne cesse de retracer les contours de la tente comme pour y chercher de l’aide. Pour trouver réponse à flammèche qui depuis son éveil s’exalte (seconde après seconde). Entité-passion pulsative et suggestive logée dans sa sève garance.

Rika n’est plus d’humeur à épouser les pensées contraires. N’est plus apte à retenir convoitise d’ivresse des orbes-jumelles de voisin-protecteur. Le souhait est émis mais reste à transmettre. Trop tard pour rompre le charme révélateur de conscience fervente. A moins qu’Alarik ne repousse ses desseins séditieux. Et que cette tension ressentie depuis l’après-midi, ne soit qu’une chimère.

Que faire alors si ce n'est solliciter une réplique ?

Dans le noyau de leur tente, Erik semble façonner des rêves d’accalmie. Prunelles affectives s’assurent donc qu’enfant-roi repose avec douceur ; rabat couverture sur ses pieds. Quiétude lui offre facilitée à s'éclipser dans le céleste-polaire. Sa peau côtoyant rapidement les ombres de la forêt.

Il ne lui faut que quelques secondes pour discerner l’incarnation-fureur logée dans sa chair. Sans approche délicate, soucieuse d’être identifiable dans l’horreur de nuit, sa voix dispute avec les ombres, évoque son nom. Alarik. Puis sans rien dire de plus. Son corps se penche sur le bois, rallume médiocrement les braises du feu de camp. Et même s'il se trouve à distance du feu, Rika s’assure qu’il la voit.

Que ses sphères la repèrent, juchées derrière cette nitescence.

Dim 2 Juil - 13:05

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@Rika Strom heart3

tw: guerre, sang, violence, armes à feu

Dim 2 Juil - 15:38

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@Alarik Vestergaard heart3

tw: sexualité, nudité, langage cru sous hide.

Lun 3 Juil - 10:19

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@Rika Strom heart3

tw: Sexualité débridée, explicite (sous hide)

Lun 3 Juil - 16:54

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@Alarik Vestergaard heart3

tw: sexualité, nudité, langage cru sous hide.

Mer 5 Juil - 11:43

Alarik Vestergaard a écrit:
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@Rika Strom

tw: Sexualité débridée, explicite (sous hide)